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Haute-Savoie : Nos P’tites Etoiles offrent « un lâcher prise salvateur » en initiant des enfants malades au parapente

HORS-TERRAIN L’association annécienne permet, avec son projet Nos Etoiles Volantes, de faire décoller une dizaine de familles en difficultés aux côtés du triple champion de France de parapente Eliot Nochez

  • Chaque jeudi, dans sa rubrique « hors-terrain », 20 Minutes explore de nouveaux espaces d’expression du sport, inattendus, insolites, astucieux ou en plein essor.
  • Cette semaine, nous nous consacrons à l’association Nos P’tites Etoiles, qui permet depuis trois ans à des enfants malades ou handicapés de voler en parapente au-dessus du lac d’Annecy, et ce aux côtés de leur famille.
  • Porté par le triple champion de France de parapente acrobatique Eliot Nochez, parrain de l’association, ce projet vient d’offrir le 11 septembre « une journée bulle d’air » à une dizaine de familles.

« Ça fait un bien fou. » Cette réaction a tourné en boucle, le 11 septembre, dans la zone d’atterrissage de parapente de Doussard (Haute-Savoie), aux abords du lac d’Annecy. Pour la troisième fois depuis 2018, l’association Nos P’tites Étoiles, soutenue bénévolement par des parapentistes professionnels autour du triple champion de France acrobatique et vainqueur de la Coupe du monde 2015 Eliot Nochez, a réuni 11 familles d’enfants malades ou handicapés pour leur offrir une journée « bulle d’air ».

Au menu : des spectacles aériens, mais aussi des baptêmes de parapente et d’ULM depuis le col de la Forclaz pour chacune de ces familles. Membre de l’équipe de France de parapente acrobatique, avec laquelle il a été sacré champion du monde en juillet dernier à Udine (Italie), le parrain de Nos P’tites Etoiles Eliot Nochez (27 ans) a lancé ce projet il y a trois ans.

Des enfants « comme des dingues de se faire des coucous en l’air »

Celui qui a effectué son premier vol solo à l’âge de 10 ans a été marqué, quatre années plus tard, par une rencontre avec un enfant handicapé intrigué par son immense toile. « Je lui avais juste mis les fesses dans le harnais et j’ai gardé en mémoire son bonheur de se sentir voler face au Mont-Blanc, confie-t-il. J’ai aussi perçu à quel point ça faisait du bien à la maman de voir son gosse si heureux en train de lâcher prise pendant dix minutes. Je tenais à retrouver un jour cette magie. »

Deux mois seulement après avoir contacté Nos P’tites Etoiles, il organise des vols pour une dizaine de familles au Salève (Haute-Savoie). « Les enfants étaient immédiatement comme des dingues de se faire des coucous en l’air ou de nous voir faire des back flips juste au-dessus d’eux, sourit Eliot Nochez. Et puis c’est comme si le handicap n’existait plus en parapente. Les parents ont souvent davantage peur que les enfants au moment de décoller. »

« On voulait apporter des « bulles d’air » aux familles »

L’association annécienne, qui compte aujourd’hui huit permanents, dix membres référents dont un médecin, 350 adhérents et de nombreux bénévoles, prévoit un budget de 17.000 euros pour offrir cette journée de rêve aux enfants. Elle travaille en partenariat avec des pédiatries de Haute-Savoie mais aussi l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique (IHOPe) de Lyon. « C’est un public très fragile donc nous n’avons pas le droit à l’erreur, explique Arnold Bruguière, président de l’association. Les hôpitaux sélectionnent les familles qui peuvent participer à ces activités. »

Avec son épouse Nathalie, Arnold Bruguière a créé Nos P’tites Etoiles en 2015, après le décès l’année précédente de leur fils Yanis (10 ans) d’un sarcome d’Ewing (cancer des os). « Si on enlève les associations, il ne reste plus comme distraction aux enfants malades que Gulli à la télévision, poursuit le père de famille de 50 ans. On voulait à la fois créer des synergies entre toutes ces associations destinées aux enfants en difficultés, sensibiliser le public à l’importance du don de moelle osseuse, et apporter des « bulles d’air » aux familles. »

« Ces petits bouts croquent la vie à pleines dents »

C’est sur ce volet qu’Eliot Nochez tombe à point nommé pour permettre les événements Nos Etoiles Volantes. « Tout le monde ramasse tellement dans ces familles où l’enfant accapare toute l’attention qu’on tient à leur permettre de se fabriquer des souvenirs, des moments de répit durant lesquels ils sont tous cocoonés, résume Arnold Bruguière. Une telle journée toute en bienveillance est salvatrice, elle nourrit l’âme et elle permet d’oublier que le jour suivant, il y a chimio. »

Intégralement prises en charge de 9 à 18 heures par « un ange gardien », à savoir un membre de l’association qui les oriente vers toutes les activités outdoor proposées, de l’équithérapie à l’ULM en passant par la slackline et des démonstrations aériennes, les familles se vident la tête autour du lac d’Annecy. Marie Weibel, qui a participé à Nos Etoiles Volantes en 2019 aux côtés de sa fille Eloane (8 ans), nous en dit plus.

« Eloane s’est toujours raccrochée à cette journée de parapente »

Eloane, qui s’est vue diagnostiquer « un déficit immunitaire primitif » à 5 mois, a vécu durant de longues années « avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête », en ne pouvant pas aller dans des lieux publics jusqu’à l’âge de 4 ans. Eliot Nochez a réalisé son rêve en juillet 2020 en lui offrant un vol de parapente privé (et filmé) aux côtés de sa grande sœur Lilou. Trois mois plus tard, Eloane a reçu une greffe de moelle osseuse. « A l’hôpital, elle regardait tous les jours le film de son vol inoubliable, témoigne sa maman. Elle me répétait qu’une fois guérie, elle pourrait à nouveau voler avec Eliot. Au moment de la greffe, les médecins m’ont répété qu’il était essentiel que l’enfant ne baisse jamais les bras. Eloane s’est justement toujours raccrochée à cette journée de parapente. »

Quasiment un an plus tard, Eloane réagit bien à la greffe et sa famille a tenu à faire partie des bénévoles mobilisés sur l’édition 2021 de Nos Etoiles Volantes. En trois éditions, Eliot Nochez et Arnold Bruguière savourent plusieurs belles histoires touchantes de ce genre. A 14 ans, Flavy, qui souffre de myopathie, a par exemple demandé au champion de parapente s’il pouvait l’aider à passer son brevet de pilote. « En une semaine, elle a réussi ses deux vols solo comme une princesse et elle a obtenu son diplôme », sourit Eliot Nochez. De même, Lenny (16 ans), malgré une pathologie neurodégénérative rare l’ayant rendu aveugle et diabétique, a pu passer une journée à faire du ski et de la motoneige grâce à Nos P’tites Etoiles, l’hiver passé à Valmorel.

Du kitesurf bientôt au programme ?

Le 11 septembre, Eliott (13 ans), atteint du sarcome d’Ewing, a eu le privilège de voler en ULM aux côtés d’oies sauvages. Arnold Bruguière, qui se réjouit aussi de l’investissement dans le projet annécien d’autres sportifs de très haut niveau comme le Soul Flyer Fred Fugen, le parapentiste Valentin Delluc, l’alpiniste Paul Bonhomme ou le snowboardeur Victor de Le Rue, résume ainsi la problématique de ces familles en difficultés.

Eliot Nochez envisage d’ailleurs une évolution pour les prochaines éditions de Nos Etoiles Volantes : « S’il y a trop de vent pour faire du parapente dans de bonnes conditions, on pourrait envisager initier les enfants au kite surf ». Il n’y a définitivement aucun frein dans les rêves de Nos P’tites Etoiles.

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